LE SAFRAN, AMIENS

 

Harmonie contre tendue est la traduction de l’expression d’Héraclite «palintropos harmonie ».

« Ils ne comprennent pas comment le discordant s’accorde avec lui même ; il est une harmonie des tensions opposées comme celle de l’arc et de la lyre (fragment 51)

Le contraire est accord, des discordances naît la plus belle harmonie et tout devient dans la lutte (fragment 8)» Traduction française de Kostas Axelos, dans Héraclite et la philosophie

Nous nous sommes immergés dans les quartiers Nord d’Amiens.

Nous sommes partis à la recherche de personnes pratiquant la musique dans le quartier.

Nous avons rencontré un joueur de oude syrien, une chanteuse lyrique, une chanteuse pop, un groupe de blues, un joueur de ney afghan, un orchestre scolaire, un jeune joueur de trompette prodige, de jeunes soudanais qui nous ont chanté des chants révolutionnaires ...

 

Nous avons assister à des cours, à des répétitions. Nous avons circulé dans le quartier découvert des lieux étonnants, où les musiques se transmettent, se partagent, s’affrontent parfois.

 

Nous avons senti que c’est dans la tension entre ces personnes, entre elles et le paysage, entre elles et le reste de la ville, du monde, entre ces différentes musiques, dans les différentes manières de les transmettre ou de les enseigner, que se trouve notre projet. Nous avons eu envie de donner à voir ces tensions et ces fragilités sous la forme d’une installation sonore et d’un film vidéo.

Nous imprimons des portraits sur une surface de fils tendus.

Chaque fil « retient » un morceau de l’image, chaque fil est une variation de couleur abstraite. L’ensemble compose le portrait.

Une bande sonore composée d’enregistrements réalisés lors des différentes rencontres est à l’origine d’un programme informatique qui déclenche de façon intermittente un système mécanique. Des dizaine de petits marteaux de bois font vibrer une partie ou la totalité des fils. Un filet de voix, un accord de guitare ... brisent la régularité de la trame, brouille la vue. Certaines parties des portraits tremblent. Puis les fils reviennent à leur état d’origine.

Entre les fils les vides laissent voir le lieu d’exposition. Les trames de fils créent une vision vibrante de l’espace.

De loin on ne voit pas la même chose que de près. Parfois une partie du visage oscillent, le spectateur se trouve devant une surface floue, puis le visage littéralement surgit.

 

LE SAFRAN, AMIENS

 

There is harmony in the tension of opposites, as in the case of the bow and lyre.

Heraclitus - 51 fragment