Ecouter l'ombre

MONS 2015 CAPITALE  EUROPÉENNE DE LA CULTURE. EXPOSITION MONSENS AU BAM (MUSEE DES BEAUX ARTS)

PROJET RÉALISÉ AVEC LES RÉSIDENTS DU CARROSSE (BELGIQUE)

 

Ce projet s'est déroulé en deux temps. Nous avons d'abord récolté les voix de résidents de foyers psychiatriques. Puis nous avons crée trois pièces, distinctes mais liées, l'installation sonore et lumineuse, « Ecouter l'ombre », la série photographique « Papiers brouillards » et l'appareil de gravure « Tonographe ».

 

Pour la récolte nous avons fabriqué des appareils d'enregistrement sonore mettant en jeux l'idée de l'écho, de la résonance, du double (une tête binaurale, un micro à retard à ressort …). Ces appareils nous ont permis d'obtenir une matière sonore particulière et également d'instituer un jeu avec les résidents. Ils fonctionnent comme une interface poétique avec le réel. Petit à petit nous avons laissé les appareils aux résidents, découvrant ensuite avec joie ce que notre présence aurait rendu impossible. Ils ont raconté, chanté, soliloqué, monologué, chuchoté, le rythme de leurs paroles nous a parfois fait penser à des litanies. Leurs paroles pas toujours compréhensibles se situaient, au-delà du récit, au-delà de ce qui était raconté. Des voix intérieures, à l'intérieur de leur tête et à l'intérieur des foyers.

 

Le spectateur pénètre dans un espace voûté. La forme de l’espace a été modélisé en 3D, à partir du haut d’une tête humaine. Elle n’est pas visible de l’extérieur (dehors, nous sommes en présence d’un cube blanc), le spectateur la découvre en y pénétrant.

A l’intérieur, les murs sont entièrement recouverts de papiers.

Les feuilles de papiers ont été préalablement percées. Les percements sont obtenus grâce à un appareil, le « Tonographe » (appareil équipé de cinq aiguilles qui gravent un sonogramme).

Le Tonographe a gravé l’ensemble de la bande sonore. Une multitude de trous forment des lignes, tracent des vagues, des rythmes. La surface du papier fonctionne comme la « peau sonore » de ce lieu d’écoute.

Les spectateurs, à l’intérieur de l’installation, à mesure que la bande sonore défile peuvent découvrir nos déambulations à travers les foyers.

Les trous percés de part en part laissent passer de la lumière venant d’un caisson lumineux situé à l’arrière des parois. L’intensité lumineuse varie, les zones lumineuses se déplacent  au rythme des sons. Le silence plonge l’espace dans l’obscurité.

Cette chambre des échos, cette tête offre un lieu, un réceptacle à ces moments, ces paroles, un lieu qui oscille entre lumière et nuit, mémoire et oubli.

 

MONS 2015 EUROPEAN CAPITAL OF CULTURE. EXHIBITION MONSENS AT BAM (MUSÉE DES BEAUX ARTS)

PROJECT REALISED WITH THE RESIDENTS AT LE CARROSSE (BELGIQUE)

 

This project was divided in two stages. Firstly, we collected the voices of the residents at Le Carrosse (belgian psychiatric residencies). Then we create three different pieces: ‘Listen to the shadow’, an installation composed of sound and light, ‘Tonographe’, an engraving machine, Papiers brouillards’, a series of photographs printed on blotting paper.

 

To achieve the collection, we created sound recording equipment specially constructed for the project. The instuments consider the idea of double, echo, resonance (binaural head, spring reverb microphone …). It gives the soundtrack a certain relief. This allowed us to establish a play area with the residents thus serving as a poetic interface between the residents and the real.

We gradually allowed the residents to handle the recording equipment, and were pleased and surprised to discover all sorts of recorded content that would certainly not have been possible if we had been present. The recordings contained conversations, interviews, songs, monologues, murmurs and various sounds from the institution. Sometimes the way they expressed themselves by repeating certain parts of sentences, in a regular and precise way, reminded us litanies.  The speeches were at times incomprehensible. Their speeches were  beyond words, stories. They were at times not words— they were sounds, mysterious utterances.  Inner voices, inside their mind, within the residencies.

 

The visitors enter a vaulted space. The shape of the space was based on a 3D model (the top of a head).

It's not visible from the outside (outside we can see a white cube).

Inside, the panels were entirely covered with squared sheets of paper.

The sheets of paper were previously pierced. The perforations are due to the five needles of the Tonographe’ (the purpose of the machine is to engrave a sonogram).

The ‘Tonographe’ engrave the entire soundtrack. A multitude of  holes constitute lines, draw waves, rythms.

The perforations allow light to flow out. The light travels, its intensity varies to the rythm of the soundtrack. The silence plunge the space in darkness.

The surface of the paper acts like a ‘sound skin’, it echoes the rythm of words spoken, of breathes taken, murmurs and whispers uttered, of screams and of silence.

 

Ce projet a bénéficié du soutien de : Archetype, Psycart, DRAC Nord-Pas-de-Calais, Espace 36, Pays d’Art et d’Histoire de Saint-Omer, Bourse de création de la Région Nord-Pas-de-Calais, Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, Interface Z